Pierre Kroll dessine la difficulté du roi Albert II à rédiger son discours du 21 juillet. Le Soir lance un défi: concevoir le discours du roi. Ma suggestion, c’est de carrément lancer un concours à l’échelle nationale. Message du roi à être publié encore aujourd’hui:

“Chers concitoyens,

Nous vivons des moments troubles. J’ai passé trois nuits blanches en imaginant mon discours pour la fête nationale. J’ai eu de l’aide de toute une équipe, mais le résultat ne me satisfaisait pas. J’ai même fait appel à des extérieurs au palais, notamment au caricaturiste Pierre Kroll, qui me dessine toujours si bien.

Je lance ici un appel à la nation en format de concours. Ecrivez mon discours selon mes consignes. Le gagnant aura une place privilégiée pour assister au défilé sous la drache nationale. Celui qui écrit le pire discours aura comme punition une place derrière Fabiola.

Les consignes sont les suivantes:

1) Mettre l’accent sur l’importance de l’unité nationale, mais pas trop pour ne pas irriter les flamingants, qui, tout compte fait, sont aussi des citoyens belges;

2) Plaire aux bruxellois;

3) Plaire aux flamands;

4) Plaire aux wallons;

5) Plaire aux germanophones;

6) Garder un ton monarchiste, néanmoins assez fédérateur pour rassembler ceux qui ont des aspirations républicaines;

7) Commenter le manque de gouverment;

8) Etre assez généraliste pour que je puisse juste changer quelques mots et le réutiliser pour le discours de Noël au cas où nous n’avons toujours pas de gouvernement;

9) Ne pas commenter la météo, c’est déprimant;

10) Ne pas employer des mots terminant par “eur”, je les ai épuisés tous.”

La crise politique belge – Solutions

L’été passé, un di Rupo au visage cireux rendait sa note et, peu après, sa démission au roi. Il avait l’air lessivé. Cet été, c’est à nouveau un di Rupo à la face huileuse qui rend sa note, et, tiens, sa démission au roi. Au début de la semaine, Elio di Rupo fait savoir sa note à la presse. Un an de négociations a suffi à assouplir le nœud papillon et démolir son sourire d’oreille à oreille, ses deux copyright.

Le roi s’arrache les cheveux en dessous de la couronne, enfin ceux qui restent. Entre informateur, préformateur, médiateur, clarificateur, négociateur, explorateur, démineur, formateur, balayeur, cogneur, et agriculteur, Albert II a mené la valse avec Bart de Wever, Elio di Rupo, André Flahaut, Danny Pieters, Didier Reynders, Johan Vande Lanotte, Wouter Beke, Elio di Rupo, mais j’ai déjà dit ça, non? Et pourquoi il n’a pas fait appel à moi? La crise aurait déjà  été résolue depuis des lustres. Voici quelques suggestions:

  1. On note les demandes de chaque parti sur un petit bout de papier. Ah, oui, les notes avec une centaine de pages imprimées pour les présidents des partis à tables, plus le roi, plus les photocopies aux éminences grises des partis, sans compter les dossiers pour la presse, ce n’est pas très écolo tout ça! Combien d’arbres ont-ils déjà été abattus pour la crise belge? Alors, c’est un petit bout de papier pour chacun, et encore! On plie soigneusement les notes, on les met dans la boule du Lotto (sinon un aquarium vide fait l’affaire aussi), on tourne, puis une main innocente prend une note, et voilà!
  2. Solution BBB, Big Brother Belge: on enferme les chefs des partis à table dans un logement social d’une mère célibataire à trois enfants. On héberge la famille dans un hôtel, bien évidemment, et nos hommes et femmes politiques restent dans l’appartement. Ils sont filmés 24h sur 24. Les politiciens doivent garder le sourire et la fraîcheur tout au long de l’émission. Le premier qui ne sourit plus perd des points. Tous les vendredis, on vote pour celui ou celle qui sera éliminé(e). On vote par SMS, et les bénéfices iront vers les caisses de l’État, qui en ont bien besoin.
  3. On attache les présidents des partis à table au pilori à la Place Royale pendant trois jours. Celui ou celle qui recevra le moins de tomates ou d’œufs sera le prochain premier ministre.
  4. On emmène les présidents des partis à Fort Boyard. Celui ou celle qui aura nagé, couru, plongé, caressé des rats, tâtonné des mygales, embrassé des cafards et avalé des mouches pendant toute la journée sans perdre le sourire sera le premier ministre.

Et voilà, finalement c’est assez facile. Le roi n’a qu’à faire appel à moi. En plus, je coûte moins cher que Dehaene.

Profil professionnel – mode d’emploi

Chercher un boulot, pardon, un emploi, en Belgique c’est plus que de la science. Ça relève de l’art. Le secret, c’est d’avoir le bon profil.

Mais qu’est-ce que le bon profil?

Femme: Si on est une jeune femme, les recruteurs ne nous prennent pas parce qu’on aura des enfants et il faudrait payer les congés maternités. Si on a de gosses, c’est parce qu’on a des enfants. Si on a des petits enfants, c’est parce qu’ils tombent souvent malades, et on sera absent. Si nos enfants sont grands, c’est parce qu’on a dépassé la quarantaine.

Expérience professionnelle: Si on démarre dans la vie, c’est parce qu’on manque d’expérience. Si on en a, ils pensent qu’on ne pense qu’à la retraite (ou la pré). Puis, si on a de l’expérience, on coûte cher.

Argent: Si on est riche, on n’a pas besoin du job, on est considéré comme non engagé vis-à-vis du travail. Si on est pauvre, c’est parce qu’on en a trop besoin.

Nationalité: Si on est étranger, c’est parce qu’on est étranger, on est différent, en plus on peut vouloir se casser du jour au lendemain. Si on est belge, c’est parce qu’on est wallon, et/ou flamant, et/ou bruxellois, et/ou germanophone, et/ou francophone, et/ou néerlandophone.

Qualification: Si on a des diplômes, c’est parce qu’on est trop qualifié, on va se barrer à la première occasion. Si on n’en n’a pas, c’est parce qu’on est pas assez qualifié (et donc trop bête pour faire le boulot).

Bref, le profil idéal est: homme qui vient de quitter ses études tout en ayant minimum sept (voir dix) ans d’expérience dans exactement la même fonction et en ayant été responsable d’une équipe nombreuse, classe moyenne, Blanc Bleu Belge mais qui aime partir à l’étranger pendant les vacances pour avoir des sujets de conversation à la pause café, ni wallon, ni flamant, ni bruxellois, langue maternelle français-néerlandais-anglais minimum, qualifié mais surtout pas plus que le patron.

Vous avez compris, non? Une cuillère à café de connaissances informatiques pour envoyer les CV, 2 doses de patience pour refaire les CV en permanence, 3l de rigueur pour ne pas se perdre dans le courrier envoyé, 4g d’imagination pour ne pas répéter les lettres de motivation, et 5 louches de pistonnage, pardon, networking.